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Rangaku
17 juillet 2020

Le Musée des Beaux-Arts de (la préfecture de)

 

Le Musée des Beaux-Arts de (la préfecture de) Gifu,『岐阜県美術館』Gifu-ken Bijutsukan, conserve dans ses collections un rouleau du peintre de style occidental YAMAMOTO Hôsui山本芳翠, réalisé en 1902. Sur ce lavis à l’encre et aux couleurs dans les tons bistre-saumoné, l’artiste a brossé le Prince des Médecins de profil gauche, entouré d’un cadre, qui évoque la représentation d’un frontiscipe. La mauvaise qualité de la vignette figurant en illustration sur le site du Musée ne nous permet pas de déchiffrer l’éloge calligraphié par YAMAMOTO au-dessus du portrait.

[voir le site Internet : https://gifu-art.info/details.php?id=2749 ]

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Un curieux portrait sur fond ocre (non daté, artiste inconnu) nous présente un HIPPOCRATE dans un vêtement molletonné de couleur brune (mi-robe de chambre mi-manteau, col et manches à revers vert foncé) : longs cheveux frisés tombant sur ses épaules et barbe blanche cotonneuse, mains croisées sur le ventre, regard contemplatif levé au ciel, il ne ressemble à aucun des portraits rencontrés jusqu’ici.

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Sur un autre portrait à l’encre d’un artiste non identifié, le neurochirurgien et poète auteur de haiku(俳句)TANAKA Mizuho 田中瑞穂 a tracé en lettres capitales une traduction latine du célèbre premier aphorisme d’HIPPOCRATE [voir Supra].  Sous le portrait, le nom d’HIPPOCRATE et ce qui semble être une dédicace. L’image de mauvaise qualité ne permet de déchiffrer que la première ligne , Genga Ichikawa Tairô「原画市川大浪」, soit : « Tableau d’origine par ISHIKAWA Tairô » [voir Supra]. 

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Issu d’une lignée d’ophtalmologistes, GYÔTOKU Gyokukô 行徳玉江 renonça à la médecine pour se consacrer à d’autres arts : calligraphie, poésie chinoise, sculpture de sceaux et peinture. Actif de la fin de l’époque d’Edo au début de l’ère Meiji, il a laissé un portrait inspiré de la gravure de MASSARD pour la posture [voir Supra], mais HIPPOCRATE, barbe noire hirsute, s’apparente plus à un moine brossé dans le style de la peinture chinoise. La date ne nous est pas connue.

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Pour en terminer avec l’ère Meiji, signalons l’éloge noté dans le Kyûshidô ikô『求志洞遺稿』(publié en 1894), recueil de textes (poésies chinoises classiques) écrits par KOBAYASHI Torasaburô 小林虎三郎, un samouraï haut-responsable du domaine d’Echigo-Nagaoka 越後長岡藩 Echigo-Nagaoka-han (aujourd’hui préfecture de Niigata 新潟県 Niigata-ken). De santé plus que précaire (cécité d’un œil, souffrant de rhumatismes, malade des reins et du foie), Torasaburô est connu pour être avant tout un grand promoteur de l’éducation dans son fief. L’éloge en question figurait sur un portrait aujourd’hui disparu, Hipokuratesu gazô-san『依卜加刺得斯画像賛』Portrait et éloge d’Hippocrate.

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D’une manière générale, la production de portraits d’HIPPOCRATE aura été moins importante à l’ère Meiji qu’à l’époque précédente, mais de nouveaux tableaux étant toujours susceptibles d’être découverts la liste de ceux que nous avons relevés reste provisoire. Elle n’intéresse pas non plus la période moderne (Taishô jidai et Shôwa jidai 大正時代・昭和時代, les ères Taishô et Shôwa) et ses artistes inspirés par le personnage d’HIPPOCRATE, comme par exemple HASEGAWA Tomisaburô 長谷川富三郎. 

Né dans la ville de Himeji 姫路 (préfecture de Hyôgo 兵庫県 Hyôgo-ken), mais installé à Tottori 鳥取 (une ville de la préfecture du même nom), Tomisaburô délaisse la peinture à l’huile pour se tourner vers la xylogravure. Fortement marqué par l’influence du graveur sur bois MUNAKATA Shikô 棟方志功, il rejoint le Mouvement Mingei「民藝運動」Mingei undô (Mouvement de l’art populaire) qu’il promeut dans sa préfecture d’adoption. Également préoccupé de santé publique (notamment chez les enfants), Tomisaburô a fait don en 1979 d’une gravure titrée Hipokuratesu no chikai「ヒポクラテスの誓」Serment d’Hippocrate, au médecin IKOMA Hisaaki 生駒尚秋, directeur de l’Hôpital de la Croix Rouge de la ville de Tottori,「鳥取赤十字病院」Tottori sekijûji byôin. HIPPOCRATE y figure dans un médaillon (son profil gauche, centré en haut de la gravure) et de nouveau en bas, mais cette fois en pied et de profil droit, accueillant une mère et son fils, devant six de ses disciples qui assistent à la scène. 

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Le centre de la gravure est entièrement occupé d’un texte qui résume la teneur du serment d’HIPPOCRATE. Le texte de Tomisaburô se lira comme suit :

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HIPPOCRATE a aussi inspiré les sculpteurs, mais seule la peinture étant l’objet de notre intérêt, le domaine de la sculpture ne sera pas abordé. 

Il convient néanmoins de citer un bois sculpté d’ARAKAWA Kisai 荒川亀斎藤, reproduction fidèle de la gravure de MASSARD [voir Supra]. Fils de charpentier, Kisai naquit en 1827 dans le quartier de Saikamachi-Yokobama 雑賀町横浜 de la ville de Matsue  松江. Très jeune il manifeste des dons exceptionnels : dès l’âge de trois ans, il dessine cigales et libellules ; à sept ans, il peint des motifs décoratifs sur des poupées de terre cuite, dites doro-Tenjin 泥天神 ; à neuf ans, il sculpte habilement oiseaux, animaux, personnages. Par la suite, il n’aura de cesse de perfectionner ses multiples talents en étudiant :

-       la sculpture, avec FUKUSHIMA Uhachi (Yazô) 福島卯八(弥蔵), 

-       la peinture, avec IIJIMA Ungaku 飯島雲岳 et son fils Kagaku ,

deux artistes de l’école Kanô「狩野派」Kanô-ha,

-       la statuaire bouddhique avec KATÔ Saori 加藤左織.

Kisai fréquente également les hommes de lettres et intellectuels de son temps, comme

-       TAKAMI Tansai 高見旦斎, spécialiste de littérature classique japonaise,

-       YAMAUCHI Kyokusen 山内曲川, poète auteur de haiku(俳句),

-       UCHIMURA Rokô 内村鱸香, sinologue.

Sa passion pour l’art en général, l’amène à entretenir des relations suivies avec :

-       le journaliste, traducteur et écrivain LAFACDIO Hearn à partir de 1890.

Artiste polyvalent et artisan confirmé, Kisai excelle dans tous les domaines qu’il aborde : sculpture, dessin, peinture, décors de scènes, etc. La maîtrise de son art lui vaut de nombreux prix et distinctions, au Japon en 1877 où il est remarqué à l’Exposition nationale de l’Industrie「内国勧業博覧会」Naikoku kangyô hakurankai, puis sur le plan international : prix d’honneur à l’Exposition universelle de 1893 qui se tient à Chicago (Columbian World’s Fair ou World’s Columbian Exposition), médaille de bronze à l’Exposition universelle de 1900 organisé à Paris (L’Exposition de Paris 1900). 

Dans les années 1890, Kisai sculpte une plaque de bois où pour la première et unique fois il traite d’un sujet occidental : une reproduction fidèle de la gravure de YÛKI Masaaki 結城正明 d’après le Saint Jérôme de MASSARD [voir Supra]. Ce bois sculpté (gravé), Hipokuratesu-zô hengaku「ヒポクラテス像扁額」Plaque sculptée du visage d’HIPPOCRATE, a été présenté au Musée mémorial de Lafcadio Hearn「小泉八雲記念館」Koizumi Yakumo kinenkan, de la ville de Matsue, lors d’une exposition (juin 2018 à juin 2019) consacrée à l’histoire des relations entre HEARN et ARAKAWA.

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  Rappelons pour conclure que le portrait (supposé) d’HIPPOCRATE qui figure sur le célèbre rouleau Shirandô shingenkai zu『芝蘭堂新元会図』d’ICHIKAWA Gakuzan 市川岳山, serait celui qu’a peint KATSURAGAWA Kuniyasu 桂川国寧 [pour le détail, voir l’Appendice芸海余波』À propos du Geikaiyoha].

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[les deux derniers articles ont été modifiés]

 

 

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