Les portraits et éloges d’HIPPOCRATE Dérivée de

Les portraits et éloges d’HIPPOCRATE

Dérivée de la médecine traditionnelle chinoise, la médecine Kanpô,「漢方医学」kanpô igaku (ou simplement Kanpô), apparut au Japon dès le VII^esiècle. Les médecins japonais, les kanpô-i「漢方医」, fidèles à la tradition du respect envers les Anciens, vénéraient particulièrement:

-       Shennongou Shen Nong  神農 (noté parfois Chin-Noung-ché en français), Shin’nô en japonais, l’un des Trois Augustes (Fuxi, Shennong, Hungdi) de la mythologie chinoise. Ce héros civilisateur, initiateur de l’agriculture et à qui l’on prête la découverte du thé et des vertus médicinales des plantes, est ainsi le patron des agriculteurs (l’Agriculteur divin, le divin Laboureur), des pharmaciens et des médecins. 

-       Ôkuninushino (ô)kami  大国主（大）神 ou  Ôkuninushino mikoto  大國主命（尊）, l’une des grandes divinités de la plus ancienne religion du Japon, le Shintôisme ou Shintô  神道, qui apparaît sous de multiples noms dans les différentes Chroniques japonaises, telles le Kojiki 『古事記』ou le Nihon shoki 『日本書紀』, ainsi que dans les vieux Fudoki「風土記」, recueils des légendes et traditions vernaculaires. Ôkuninushi passe pour un dieu créateur de nations, mais il est aussi considéré comme celui de l’agriculture et des affaires de la médecine.

 

-       Sukunahikona (Sukunabikona)  少彦名 ou  少名毘古那, lui aussi mentionné sous de multiples noms dans les différentes Chroniques, est une divinité moindre de la mythologie japonaise, mais néanmoins célèbre pour avoir assister Ôkuninushi dans ses œuvres. Le personnage serait alors l’initiateur des arts de la médecine, protecteur des stations thermales (sources d’eau chaude, onsen温泉), de la fabrication du saké, etc. On considère également Sukunahikona comme le dieu des plantes médicinales et de l’agriculture (statut qu’il partage avec Ôkuninushi). 

 

(Pour les multiples noms de ces trois personnages voir l’annexe qui leur est consacrée.)

À l’instar des kanpô-i, les rangakusha, issus pour un grand nombre du milieu de la médecine traditionnelle, cherchaient eux aussi à se prévaloir d’une figure prestigieuse pour à la fois de se démarquer des kanpô-i, désormais leurs rivaux, asseoir leur position encore minoritaire et souligner leur modernité. Un personnage était tout désigné pour remplir ce rôle : HIPPOCRATE, qui sera désormais vénéré par les rangakusha.

Le premier document japonais à mentionner le nom d’HIPPOCRATE date de 1681, il s’agit du Tofuriudenki yauzatsu no batsusho『當流傳記要撮抜書』(ou Tôryûdenki yôsatsu-nukigaki『当流伝記要撮抜書』dans sa transcription actuelle), rédigé YOSHINAGA Shôan 吉永升庵. L’ouvrage s’ouvre sur l’énoncé d’une suite de six noms :

Ils sont repris à la section Denbô(pô)keizushiki「傳法系圖式」(伝法系図式) , sous la forme d’une lignée, apparemment chronologique mais pour le moins fantaisiste, censée présenter les premiers et fameux « médecins historiques ». On lit de droite à gauche, le nom de personnages, certes illustres pour certains, mais sans grand rapport avec l’histoire de la médecine, hormis GALIEN, HIPPOCRATE et Caspar BARTHOLIN. 

[Pour les autres noms cités par Shôan, voir l’annexe qui leur est consacrée.]

Cette première apparition du nom d’HIPPOCRATE dans un document japonais n’aura aucune suite et il faudra attendre une centaine d’années avant qu’il ne retienne l’attention des rangakushaet soit ainsi promu au rang de divinité tutélaire, statut qui n’était pas le sien en Occident.