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Rangaku
21 mai 2018

Peu après son entrée dans la famille UDAGAWA,

  Peu après son entrée dans la famille UDAGAWA, Yôan, qui n’avait guère que 15 ans, fut d’abord astreint par son père adoptif à étudier la philosophie et la composition chinoise ; Genshin lui disait en substance :

    [... Si tu es incapable de rédiger une phrase en chinois, tu ne pourras mener

     à bien aucune étude de médecine ... N’oublie pas non plus que la traduction

     est une tâche d’importance et digne qu’un homme y sacrifie sa vie entière ... ]

  Yôan n’en avait pas encore conscience, mais cela lui sera d’un grand un profit quand, plus tard, il lui faudra lire un nombre de plus en plus important de traductions de textes médicaux venus d’Europe, qui bien souvent étaient rédigés en kanbun. De même, ses premiers écrits (traitant de botanique ou de substances chimiques) témoigneront de sa maîtrise en matière de rédaction. Bien que réticent, il étudia donc le confucianisme avec MATSUSHITA Katsuzan (Kikô) 松下葛山(葵岡), ainsi que les incontournables classiques de la médecine chinoise auprès de NOJÔ Hoan 能条保庵, comme le Sorei no sho『素霊之書』qui fait partie du Classique interne de l’Empereur Jaune (Huangdi Nei Jing), le『黄帝内経』Kôtei naikei [voir supra, I. Genzui 玄随: le premier de la lignée des UDAGAWA]. À 16 ans, Yôan apprit l’herboristerie chinoise Honzôgaku「本草学」(Materia Medica) sous la direction du naturaliste INOOKA Ôsen (Gensen) 井岡桜仙(元泉), médecin du fief Izumi 和泉藩 (Izumi-han) et principal disciple d’ONO Ranzan 小野蘭山. Il se livra aussi à la collecte de plantes lors de randonnées et de voyages. Emprunté à son père adoptif UDAGAWA Genshin, un volume illustré lui fit découvrir la botanique occidentale : le Setsu Sômoku-fu『設色草木譜』ou Phytanthoza Iconographia, du botaniste et apothicaire allemand Johann Wilhelm WEINMANN [cf. infra], et fin 1813, il participa à une réunion d’études de cet ouvrage avec le botaniste, zoologue et entomologiste IWASAKI Kan’en 岩崎灌園 et l’horticulteur-pépiniériste à Sugamo 巣鴨 (actuellement quartier nord de Tôkyô) SAITA Yasaburô 斎田弥三郎que Genshin avait invités pour l’occasion. Sa solide formation lui permit ainsi de s’intégrer à l’élite des rangakusha de son temps. Il avait 17 ans quand il accompagna son père adoptif en visite au Nagasaki-ya à Edo où séjournaient le directeur de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, Hendrik DOEFF, et le médecin-chirurgien attaché à la factorie de Dejima, Jan Frederik FEILKE. Ils en rapportèrent plusieurs remèdes. Yôan éprouvait le vif désir d’étudier les langues étrangères, mais son père adoptif, pour qui une source importante des connaissances résidait aussi dans les classiques chinois, tenait à ce qu’il se consacre avant tout au kangaku「漢学」, discipline centrée sur l’héritage culturel classique de la Chine (pensée, philologie classique, etc.). Néanmoins, devant la ferme détermination de Yôan, il l’autorisa l’année suivante à étudier sous la houlette de BABA Sajûrô (Sadayoshi), considéré à l’époque comme un maître incontesté en hollandais et très versé dans les techniques scientifiques modernes. Yôan fréquenta le juku (école privée) de Sajûrô et entreprit la lecture d’ouvrages hollandais de botanique, mais ne fit guère de progrès. C’est alors que YOSHIO Shunzô 吉雄俊蔵, interprète de Nagasaki, vint à Edo pour un séjour de deux années. Shunzô se montra un excellent pédagogue. Il se fixera à Nagoya où il ouvrira son juku (enseignement du hollandais et de la médecine), le Kanshôdô「観象堂」. L’oncle de Shunzô, YOSHIO Gon’nosuke 善雄權之助, donna à lire à Yôan des livres sur la linguistique hollandaise de l’interprète SHIZUKI Tadao 志筑忠雄 (de son nom d’origine NAKANO Ryûho 中野柳圃), auteur notamment de :

1Oranda shihinkô『和蘭詞品考』(±1801), Étude sur les particules hollandaises, une description basée sur le traité de grammaire hollandaise du linguiste néerlandais Willem (William) SEWEL : Nederduytsche spraakkonst, waarin de gronden der Hollandsche taale naauwkeuriglijk opgedolven, en, ten aanzien der spellinge als bewoordinge, duydelyk aungeweezen zijn. De 2de dr. doorg. vermeerdert, en met eene lijst van de geslachten der Naamwoorden, die onder geene vaste regelen betrekkelyk zyn; nevens eene verhand. redenkunstige figuren enz. verrijkt. Sedert verschenen er nog verschillende uitgaven van, zooals te Amsterdam 1733 3de dr. doorgaans veel vermeerdert enz. Ald. 1756. 8o. (première édition 1708, puis 1712, 1733, 1756). Bien que non publié, le travail de SHIZUKI, révisé par les interprètes NISHI Kichiemon 西吉右衛門 et BABA Sajûrô 馬場佐十郎, circula parmi ses pairs et servit à de nombreux autres futurs rangakusha.

2Sakubun hitsuyô yakusho shuchi-shokubun-kinnô『作文必要訳書須知属文錦嚢』ou Yakubun hitsuyô yakusho shuchi-shokubun-kinnô『訳文必用訳書須知属文錦嚢』, qui traite des cinq modes et des six cas du hollandais.

3Seion hatsubi『西音発微』(1826), une étude sur la prononciation du hollandais.

4Rango kyûhinshû (ou kuhinshû)『蘭語九品集』, traité de grammaire hollandaise, les neuf parties du discours.

5Rangaku seizenfu『蘭学生前父』, ce livre de base pour l’apprentissage du hollandais est considéré comme la première grammaire hollandaise écrite en japonais. Yôan en possédait une copie, obtenue sans doute par l’entremise de BABA Sajûrô ou de YOSHIO Rokujirô 吉雄六次郎 (Gon’nosuke 權之助).

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  Un autre de ses professeurs fut YOSHIO Chûjirô 吉雄忠次郎. Yôan progressa et fut en mesure de déchiffrer les textes. En 1822, il épousa ADACHI Seyo 足立世璵, seconde fille d'ADACHI Chôshun 足立長雋, né INOUE 井上, médecin principal du fief de (Tanba no kuni) Sasayama(丹羽国)篠山 (actuellement préfecture de Hyôgo) et fils adoptif de ADACHI Baian 足立梅庵. 

  Cette même année marque aussi sa première rencontre avec des marins anglais. Le 19 juillet en effet, le HSM (His Majesty’s ShipSaracen, frégate à trois mats lancée en 1812 à Porthsmouth pour le compte de la Royal Navy, puis vendue en 1819 et transformée par ses nouveaux propriétaires en baleinier, avait accosté à Uraga 浦賀, port situé dans la province de Sagami no kuni「相模国」, actuellement préfecture de Kanagawa 神奈川. Accompagné de Yôan, BABA Sajûrô fut alors été dépêché par les autorités du Bakufu en tant qu’interprète auprès de l’équipage. BABA parlait principalement hollandais et possédait un peu d’anglais qu’il avait appris de Jan Cock BLOMHOFF, successeur d’Hendrik DOEFF au poste de directeur (hopperhoofd) de la factorie de Dejima de 1817 à 1824. Après tractations le Saracen fut approvisionné en bois, eau et vivres fraîches avant de reprendre la mer le 8 mai 1822. Rappelons que de par sa position géographique, Uraga fut un point de contact des navires étrangers avec le Japon ; c’est là que l’escadre américaine du commodore Matthew PERRY jettera l’ancre trente ans plus tard, le 8 juillet 1853. 

Parmi les premières traductions de Yôan, notons :

1Ensei Dodoneusu buppin-kô meiso『遠西鐸度𣵀烏斯物品考名疏』(un livret, 1815), une compilation à partir du Crvydt-boeck de Rembert DODOENS. [cf. infra]

2Kohhii setsu『哥非乙説』(哥非 est noté avec la lecture コッヒイ, kohhii), un livret (1816) ; dans ce descriptif, Yôan, âgé de 19 ans, présente le café pour la première fois au Japon, à partir d’un article noté dans le 28fascicule du Kôsei shinpen. Il eut sans doute l’occasion de goûter à cette nouvelle boisson deux ans auparavant lorsqu’il accompagna son père adoptif Genshin en visite au Nagasaki-ya [cf. supra].C’est également à Yôan que l’on doit l’actuel mot kôhî 「珈琲」コーヒー, qu’il forgea par la suite. [voir ultérieurement : À propos du mot café]

3Engerisu shari en kô『諳厄利斯瀉利塩考』(un livret, 1819), dans lequel Yôan, à la grande satisfaction de son père adoptif, définit la nature d’un échantillon de laxatif, du sulfate de magnésium, qu’il avait reçu de DOEFF.

4Seige tame yumukô ron『生夏為湯無効論』, (deux livrets, 1820). C’est le titre de la couverture, mais ce sont toujours les deux mêmes caractères chinois「半夏」et non「生夏」qui apparaissent dans le texte ; il faut donc plutôt lire Hange tameyumukô-ron 『半夏為湯無効論』. Hange「半夏」est le nom chinois de la pinellia ternata, une plante utilisée à des fins médicinales. Yôan y traite de l’inefficacité de ses décoctions. Un autre titre de ce traité est : Hange tsukuriyu mukôron『半夏作湯無効論』.

5Seisetsu yôi-hôhan『西説瘍医方範』(1820-21), traduction complète, avec la participation de SUGITA Kyôkei (Shôkaku) 杉田恭卿(松鶴)pour le premier livret, de Materia chirurgica, of Verhandeling over de werkingen der Middelen die in de Heelkunde gebruiklyk zyn, door Josephus Jacobus Plenk, Keizerl. Koninglyk Hoogleeraar in de Heel- en Vroedkunde te Tyrnau. Uit het Hoogduitsch vertaald. Door Bartholomeus Tersier, Medicinae Doctor. Te Utrecht, By Gisbert Tiemon van Paddenburg, Boekverkoper, MDCCLXXII. Amsterdam 1808. Il s’agit de la version hollandaise par Bartholomeus TERSIER d’un ouvrage du médecin et botaniste autrichien Joseph Jacob von PLENCK, professeur de chimie et de chirurgie à Vienne, pionnier de la dermatologie moderne et le premier à proposer une classification des maladies cutanées. PLENCK écrivait tous ses ouvrages en latin et en allemand. Le titre original allemand est : Materia Chirurgica, oder Lehre von den Wirkungen der in der Wundarzney gebräuchlichen Heilmittelvon Joseph Jakob Plenk. Graeffer, Wien 1771 ; 2 Aufl. 1777. Nouvelle édition de 1780 : Joseph Jakob Plenk, Der Chirurgie Doktor, der Anatomie, Chirurgie und der Geburtshilfe kaiserl. königl. ordentlichen un öffentlichen Lehrers auf der Universität zu Ofen. Materia Chirurgica oder Lehre von den Wirkungen der in der Wundarzney gebräuchlichen Heilmittel. Dritte verbesserte Auflage. Wien, In der Gräfferischen Buchhandlung, 1780.

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