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Rangaku
28 avril 2018

Au sens large, le terme rangaku「蘭学」, Études

Au sens large, le terme rangaku「蘭学」, Études hollandaises, désigne l’étude de la culture et des arts, des sciences et techniques européennes, notamment dans leurs applications pratiques, par les savants et érudits japonais qui pratiquaient la langue hollandaise à l’époque d’Edo, les rangakusha「蘭学者」. Les premiers noms qui viennent aujourd’hui à l’esprit sont ceux des auteurs du Kaitai shinsho『解体新書』, Nouveau traité d’anatomie, SUGITA Genpaku 杉田玄白 et ses collègues : MAENO Ryôtaku 前野良沢, KATSURAGAWA Hoshû 桂川甫周, NAKAGAWA Jun’an 中川淳庵, MINE Shuntai 嶺春泰, KARASUYAMA Shôen 烏山松円, KIRIYAMA Shôtetsu 桐山正哲 et ISHIKAWA Genjô 石川玄常. Publiée en 1774, leur traduction eut un impact considérable et fut en effet déterminante aussi bien pour l’avancée de la science médicale au Japon que pour le progrès de la compréhension de la langue hollandaise.

  Pour notre part, nous traiterons ici de la famille UDAGAWA 宇田川家 : une lignée de rangakusha dont les représentants jouèrent, eux aussi, tant par la qualité que par l’étendue de leurs travaux, un rôle fondamental dans la connaissance et le développement des études occidentales. Nous avons retenu les plus fameux d’entre eux : Genzui 玄随, Genshin 玄真 et Yôan 榕庵(榕菴). Sur trois générations, on relève en effet leurs noms dans de multiples domaines qu’ils ont soit présentés pour la première fois au Japon soit approfondis au cours de leurs travaux : médecine (anatomie, médecine interne, ophtalmologie, pédiatrie, ...), pharmacologie, botanique, zoologie et entomologie, chimie (et physique), linguistique (dictionnaires, glossaires et précis de vocabulaire, traités de grammaire et syntaxe, langues étrangères, …), encyclopédie (mœurs, histoire et géographie, musique, jeux, monnaies, mesures et unités, drapeaux, ...), militaire (artillerie, équipement, fortifications, …), littérature (pièces légères, théâtre, pastiche, poésie, …), traduction de documents et lettres officiels, etc., etc. De ces trois éminents savants, Genzui sera le précurseur, Genshin sans doute le plus grand, le plus doué des traducteurs de son époque et Yôan le plus éclectique, voire le plus visionnaire. 

  La plupart des travaux des UDAGAWA sont réunis au Centre des Archives des Études occidentales de (la ville de) Tsuyama「津山洋学資料館」(préfecture d’Okayama 岡山), où l’on peut les consulter sur demande. 

 

Les UDAGAWA : Genzui, Genshin et Yôan

         — 宇田川玄随 - 玄真 - 榕庵 —

 

I. Genzui玄随: le premier de la lignée des UDAGAWA

  UDAGAWA Genchû  宇田川玄仲(玄中), le premier médecin de la famille UDAGAWA, était originaire de Fuchie  淵江, dans la province de Musashi (Musashi no kuni Adachi-koori  武蔵国足立郡, l’actuel arrondissement Adachi de Tôkyô). Son petit-fils, UDAGAWA Michinori (Dôki) 宇田川道紀, pratiquant lui aussi la médecine dite kanpô「漢方医学」(dérivée de la médecine traditionnelle chinoise), acquit une solide réputation qui lui valut d’être promu jii「侍医」médecin seigneurial du fief de Tsuyama, situé dans la province de Mimasaka (Mimasaka no kuni  美作国 ou Sakushû 作州), aujourd’hui préfecture d’Okayama. Il vint alors s’installer à Edo, à Kajibashi 鍛冶橋 dans le quartier de Kanda 神田, où les MATSUDAIRA 松平, seigneurs de Tsuyama, possédaient une résidence. 

  Fils d'UDAGAWA Michinori, UDAGAWA Genzui 宇田川玄随 (nom personnel : Fu (Susumu) 晋, pseudonyme : Meikyô 明卿 et Kai’en 槐園 de son nom de lettré, ) fut élevé par le frère cadet de son père, UDAGAWA Genshuku 宇田川玄叔 également médecin, dont il épousera d’ailleurs la fille. Genzui n’ayant que six ans lorsque Michinori décéda, c’est donc son oncle qui assura la succession de la lignée UDAGAWA. Genzui lui succédera à sa mort en 1781. Au grand dam de sa mère, le jeune Genzui n’est guère porté sur la lecture, il ne prend goût aux études, kangaku「漢学」les études classiques chinoises (littérature, poésie, etc.), qu’à l’âge de quinze ans environ. Genzui étudia tout d’abord la médecine kanpô, suivant en cela la tradition familiale perpétuée par son oncle qui s’était toujours défié de la médecine occidentale. Il se forma presque exclusivement en lisant les grands classiques de la médecine chinoise, comme par exemple :

-      le Huangdi Nei Jing『黄帝内経』(en japonais Kôtei naikeiClassique interne de l’Empereur jaune, ou Canon interne, dont la rédaction est attribuée aumythique Huangdi 黄帝, empereur civilisateur qui aurait régné de -2697 (ou 98) à -2598. Ces dialogues entre l’Empereur Jaune et six de ses médecins ont vraisemblablement été compilés durant la période couvrant les Royaumes combattants (-500 à -220), 戰國 zhanguo (en japonais sengoku), et la dynastie des Han (-206 à +220), 漢朝 Hanchao (en japonais Kanchô). Considéré comme le plus ancien ouvrage de médecine traditionnelle chinoise, le Kôtei naikei『黄帝内経』est également noté :『黄帝内剄』Kôtei Daikei,『黄帝内教』Kôtei Daikyô.

-      le Shanghan Lun『傷寒論』(en japonais Shôkan ron), première grande référence en matière de médecine clinique. Rédigé au début du IIIsiècle par ZHANG Zhonjing  張仲景, CHÔ Chûkei pour les Japonais (également connu sous le nom de CHÔ Ki  張機), médecin de la dynastie des Han postérieurs (25 à 220 apr. J.-C.), 後漢  Houhan (en japonais Gokan), ce Traité des atteintes (attaques) du froid fait lui aussi partie des quatre classiques fondamentaux de la médecine chinoise. 

-    le Jin Gui Yao Lue 『金匱要略』(en japonais Kinki yôryaku), Principes sommaires du Coffret d’or ou Prescriptions essentielles du Cabinet d’or, en 25 volumes, un autre grand classique de médecine clinique chinoise par le même ZHANG Zhonjing.

Huangdi Nei Jing『黄帝内経』

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Shanghan Lun『傷寒論』

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Jin Gui Yao Lue 『金匱要略』                   ZHANG Zhonjing 張仲景

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  C’est de la fréquentation de ces classiques chinois que viennent sans doute les grandes dispositions lexicales et facilités d’écriture dont Genzui fera preuve tout au long de sa carrière d’auteur et de traducteur.

   Il avait 25 ans quand son ami herboriste et naturaliste SÔ Senshun 曽占春, auteur d’une célèbre compilation, Seikei zusetsu『成形図説』(1793-1804, 120 volumes dont 30 publiés, sur l’agriculture, les céréales, les plantes, l’histoire naturelle, etc.), lui proposa de rendre visite à KATSURAGAWA Hoshû  桂川甫周, l’un des traducteurs du Kaitai shinsho『解体新書』paru cinq ans plus tôt, en 1774. Tout d’abord réticent à l’idée de rencontrer un adepte de cette médecine occidentale qu’avait tant décriée son oncle, Genzui fut néanmoins fortement impressionné par les arguments développés par Hoshû lors de leur rencontre ; il ne tarda pas à être convaincu de la primauté de la médecine occidentale. Il décida alors de s’orienter vers les Études hollandaises et pria Hoshû de bien vouloir l’accueillir comme élève. Trop occupé, notamment par ses fonctions de okuishi「奥医師」(médecin personnel du Shôgun), ce dernier le recommanda bientôt à ÔTSUKI Gentaku 大槻玄沢, sous la direction duquel Genzui poursuivit l’étude du hollandais et de la médecine. Il eut ainsi l’occasion de fréquenter SUGITA Genpaku, MAENO Ryôtaku et NAKAGAWA Jun’an. Deux interprètes de Nagasaki, ARAI Shôjûrô 荒井庄十郎 et ISHII Tsuneemon ou Kôuemon (Shôsuke) 石井恒右衛門(庄助), lui enseignèrent le hollandais de manière plus approfondie. L’un de ses premiers écrits, le Rangaku hizô『蘭学秘蔵』Trésor des études hollandaises (deux livrets manuscrits non publiés datant vraisemblablement de 1790), regroupe plusieurs essais intéressant les études hollandaises en général. Genzui y traite de la langue : vocabulaire, traduction,ponctuation, grammaire(par exemple, les temps passés des verbes : wazashi「ワザ詞」), etc., mais différents autres sujets sont également abordés : noms des 12 mois de l’année, pharmacologie (noms des remèdes, leurs préparations, dosages, etc.), mesures et unités, chiffres romains, géographie, proverbes hollandais, etc. Genzui rédigera par la suite l’un des premiers manuels de grammaire hollandaise, le Ran’yaku benbô(ou benmô)『蘭訳弁髦』(5 volumes, 1793) Précis pour comprendre et traduire le hollandais, avec la participation de son futur fils adoptif Genshin [cf. infra] pour l’introduction ; il est également l’auteur d’un manuscrit inachevé sur la Syntaxe occidentale,le Seibun ku『西文矩』. 

 

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UDAGAWA Genzui 宇田川玄随,『蘭学秘蔵』Rangaku hizô

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Commentaires
C
J'ai commencé à m'instruire. Je serai un fidèle lecteur. Tu vas donc devoir alimenter ton grand oeuvre et accepter de reconnaître que ce n'est pas que pour toi. Mais que cela ne t'empêche pas de prendre l'air et même la poudre d'escampette ou d'ex-gambettes, au choix.
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